Capture_d_e_cran_2020-10-01_a__08.42.50.jpg Tu t'appelleras Lapin, Marine Schneider, Versant Sud, septembre 2020, 14 €

C’est un album à peine aussi grand qu’un cahier, qui ne cherche pas à impressionner. Plutôt à suggérer une foule d’impressions, avec ses doubles pages savamment composées, ses traits graciles, ses encres aux couleurs diluées qui pénètrent les strates d’une nature touffue, entre mousse et humus, tout en bruns et en verts.

Capture_d_e_cran_2020-10-01_a__08.43.08.jpg © Versant Sud, 2020

Le texte, lui aussi, raconte avec prudence, et suggère autant qu’il le peut, dans ses rythmes, dans ses délicates répétitions, dans ses douces fulgurances. Il raconte Belette qui a sept ans et habite seule, parce que « c’est comme ça ». Belette qui tombe sur un gigantesque lapin, prévient tout le monde, et, avec ses amis, éprouve le passage du temps aux côtés de cette insolite et énigmatique compagnie.

Capture_d_e_cran_2020-10-01_a__08.51.44.jpg © Versant Sud, 2020

L’inquiétude affleure à peine, une douce intranquillité s’installe. Une réserve. Celle des sentiments de Belette exprimés par touches légères. Celle, surtout, du dessin, qui joue avec astuce de la réserve pour figurer le gigantisme du lapin dans ce petit format, imprimant sa marque par le vide sculpté dans le blanc de la page, et qui est, déjà, un trouble. Celle aussi, d’une jeune illustratrice discrète mais déjà remarquée, qui, par sa sensibilité, ses références et sa maîtrise virtuose de l’album jeunesse offre un nouveau chef d’œuvre au genre.

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