Capture_d_e_cran_2019-10-03_a__12.13.30.jpg Adrien Parlange, Le grand serpent, Albin Michel jeunesse, Trapèze, septembre 2019, 15,90 €

Titres après titres aux articles très définis, La Jeune fille et la mer après Le Ruban, L’enfant chasseur après La Chambre du lion, Adrien Parlange poursuit son travail d’excellence. De l’image, du texte, de l’objet, ces trois piliers de l’album, on ne saurait dire lequel a pour lui le plus d’importance. Car chacun de ses livres affirme avec force que l’album est un tout, peaufiné à l’extrême, une création à part entière, chaque fois remise en question dans ses fondements mêmes.

Grandserpent-1-1.jpg © Albin Michel Jeunesse, Trapèze, 2019

Pourtant, là n’est pas l’essentiel. L’essence de ses livres est dans la narration. Et dans l’émotion qu’ils suscitent auprès du lecteur. En ce sens, Le Grand Serpent est un sommet. Un sommet horizontal, où la narration, texte et image entrelacés, déploie ses méandres dans cet ample format à l’italienne.

serpent_4.jpg © Albin Michel Jeunesse, Trapèze, 2019

Le serpent sera son vecteur, son personnage, sa ligne de force et son symbole le plus fort, lui qui sinue dans les lieux qu’explore un garçon à sa suite, un peu plus téméraire, ou un peu plus attentif, et tendre, que les autres. Le corps du serpent est son chemin, mais devient très vite celui du lecteur qui, porté par la parole gracieuse, d’abord descriptive et objective du texte, se trouve comme envoûté par la parole de l’enfant qui en récréant le monde pour le serpent réanime pour nous toutes les vues, tous les détails des scènes de vies qui ont été traversées. Et l'on n'en finit pas de les retrouver.

serpent_7.jpg © Albin Michel Jeunesse, Trapèze, 2019

L’album, tout en teintes douces et en traits sinueux de la linogravure, s’achève sur la promesse d’un tracé du doigt de l’enfant sur la peau du serpent, prolongeant ainsi la paisible sensualité qui émane de ce récit serein.