Anne Herbauts, Une Histoire grande comme la main, Les Albums Casterman, novembre 2017, 15,90 €
C'est un album au format assez standard, a priori sans effet particulier. Mais pour Anne Herbauts, l'objet livre n'est jamais rien, il fait plutôt partie de ce tout qu'est l'album. Il faut donc s'y attacher, à cette couverture, pour s'apercevoir qu'elle figure un geste de lecture : la représentation d'un livre et des personnages qui le peuplent et le lisent.
Lorsqu'on ouvre l'album, on rejoint donc ses lecteurs. Première mise en abyme. Et lorsqu'on entre dans l'album, on effleure ces pages de gardes brunes comme la peau de l'enfant Y., l'Enfant-Branche. Cet enfant pense qu'une histoire grande comme la main fait cinq histoires. Il pense aussi aux marées forestières, tout droit venues de là où la forêt fait un bruit de mer. Cet enfant fait des rêves, encore, puissants comme la vie, que le livre met en scène.
© Casterman, 2017
C'est un album d'Anne Herbauts inhabituellement écrit, au texte long, un livre qui accueille les cinq histoires de la main. Deuxième mise en abyme. Des histoires qui aident à grandir, pour les petits.
Le texte est un enchantement, chaque phrase est une promesse, douce et rugueuse. Les images jamais n'illustrent, figurent parfois, le plus souvent elles offrent un écho qui nous emporte dans ses ondes végétales.
Sans concession aucune, Anne Herbauts poursuit son œuvre, à mille lieues des lieux communs du livre pour enfants, et pourtant tellement essentielle pour tout être en devenir.