Chien-nino-couv.jpg

Le Chien que Nino n'avait pas, Eward van de Vendel (texte), Anton Van Hertbruggen (illustrations), éditions Didier Jeunesse, 2014, 16€

Les éditions Didier Jeunesse réactivent avec ce titre la traduction d'albums flamands qui connut sa grande époque au début des années 2000 avec le travail des éditions Être et des éditions du Rouergue. Edward van de Vendel n'est donc pas un inconnu pour les lecteurs francophones. Frisson de fille ou Rouge Rouge, Petit Chaperon rouge (Rouergue), comme Anna Maria Sofia et le petit Max (Circonflexe) sont de ces albums qu'on n'oublie pas. Le chien que Nino n'avait pas marquera certainement lui aussi les esprits, mais d'une manière plus diffuse, ou douce, peut-être, que ses titres précédemment traduits. Les images d'Anton Van Hertbruggen proposent d'ailleurs ce que l'on pourrait considérer comme une synthèse des styles des deux illustratrices de ses textes précédents : Isabelle Vandenabeele et Ingrid Godon.
chien-Nino1.jpg

© éditions Didier Jeunesse, 2014

De la première il tient le trait acéré, vif, tranchant. De l'autre, la quiétude d'une palette apaisée. Son style graphique tire d'ailleurs sa singularité de cette osmose du tracé nerveux, de l'esquisse rugueuse et d'une application chromatique sophistiquée. Sa gamme de bleus, véritablement envoutantes, joue admirablement du contraste avec un rose-ocre transparent et lumineux. Cet univers visuel très abouti, rayonnant dans son ample format aurait pu écraser le texte, somme toute assez resserré. Il n'en est rien. Plus encore, ce dernier parvient à vibrer de tout son écho nécessaire, à suspendre ses silences avec suffisamment de force pour laisser le lecteur s'immiscer dans le blanc fécond de ce récit où – en conformité avec la négation du titre – compte d'abord ce qui n'est pas dit et qui n'est, pour autant, pas totalement dévoilé par l'image. Éloge de l'imaginaire enfantin, Le Chien que Nino n'avait pas est un album illustré qui sait admirablement jouer de la puissance d'une écriture littéraire et d'un univers visuel très maîtrisé tout en laissant grandes ouvertes les portes à la sensibilité du lecteur. Ce qui est loin d'être anodin.

chien-nino2.jpg

© éditions Didier Jeunesse, 2014