couv_vacarme.jpg

Gaëtan Dorémus, Vacarme, éditions Notari, mars 2014.


Dès l’image de couverture, l’auréole de traits secs, hachurés, serrés, pèse comme une menace réelle, comme si le crissement du crayon parvenait effectivement aux oreilles du personnage.

Sur les gardes, une composition dynamique, orchestre la conjuration du trait et de l'aplat, contre le blanc, indiquant bien au lecteur que c’est aussi dans ce jeu de formes abstraites que s’élabore la narration.

Car Vacarme est bien ce combat du tracé et du fond blanc, du plein et du vide, du bruit et du silence.

Avec la mise en page pour arbitre. Et les tramés comme agents neutres qui pondèrent la frontalité, ourlent les scènes d’un ancrage pour le regard.

notari_vacarme_interieur.jpg

© éditions Notari 2014

Dès lors, le texte, qui lui aussi joue sa partition sur le fond blanc, et les figurations des personnages et des décors, forment une narration qui se trouve soutenue et renforcée par ce dispositif formel.

Et, ensemble, ils disent, la peur, la déferlante réelle, médiatisée, mondialisée qui assaillent aujourd’hui le jeune enfant. Ils disent, puissamment, son inquiétude du monde.

Laquelle se trouvera reléguée en un chaos lointain lorsque la douce musique de la nature –le chant de l’oiseau – conduira l’enfant vers le silence, et donc, vers le blanc de l’album.

La partition formelle n’était donc pas qu’un artifice. En rendant évidents le jeu de l’expression et l’espace du livre, elle offre un message fort : où ailleurs que dans le livre trouver le blanc, le silence et la quiétude de la permanence des choses. Où l’enfant, sinon, trouvera-t-il l’apaisement ? Où pourra-t-il substituer ses questions à la fureur ?

Gaëtan Dorémus rend ici un puissant hommage à l’enfance et au livre.