on-y-va-couv.jpg Les Chats Pelés, On y va ! Les Grandes Personnes, 2012, 15 €

 

Retrouvons l'esprit du défilé de Vive la musique (Seuil Jeunesse, 1995), cet album qui inaugurait un autre rapport à l'image et au livre pour enfant. Retrouvons ses tambours et ses trompettes, retrouvons ses bonhommes boiteux et ses animaux tordus. Et lançons-nous à corps perdus dans cette parade, qui y va, qui ne fait qu'y aller, qui n'a pour objet que cela ; être, en mouvement. Vers la droite du livre, vers le sens de la lecture, vers le sens de la vie.

 

TEST_COULEUR Q.indd © éditions Les Grandes Personnes, 2012


Les Chats ne font pas des chiens. Pas que, du moins. Vingt ans après leur premier livre pour enfants (Jouons avec les Lettres, en collaboration avec Massin), Les Chats pelés n'ont rien perdu de leur audace. Ici, un album qui n'utilise que le noir. Un noir dense, rugueux, volatile, un noir charbonneux qui ne laisse aucun répit à la blancheur du papier. Un noir sale. Quoi de plus audacieux dans un livre pour enfants ? Et quand on y ajoute des gribouillages, des mouches, des monstres et qu'on encadre le livre d'un corbeau et d'une tête de mort, on a toute chance de passer pour des provocateurs. Alors, circulez ? Non, défilez !

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 © éditions Les Grandes Personnes, 2012


Défilez jusqu'au bout, vivez, rejouez chacune de ces pages : musique, amour, compétition, peur, lecture, dessin, rires, larmes... Et questions. Au bout : seule figure venue de la gauche, qui arrête toute la parade et la plonge dans l'obscurité : le masque de la mort tenu par l'enfant facétieux. Une page. Finale. Quand tout le livre est la vie. Alors, oui ! On y va ! Parce que c'est l'essentiel. Parce que là est l'essence. Parce que là est le sens. De la vie.


***

"Je me suis jeté dans la parade

Au milieu des cuivres et des tambours

D'ici au moins j'étais sûr

que l'on n'entendrait pas ma peine

J'ai pris la marche du carnaval

J'ai défilé comme l'on dérive

Allongé sur le macadam

Je n'ai pas touché la terre ferme

Mes bras, lever la tête lourde

Et le jour qui se lève me rappelle, me rappelle

Chaque instant oublié que si la vie est terrible

Les journées peuvent être si belles"

Le Carnaval, Da Silva