couv_cabane_isabel.jpg Sarah Stewart, David Small, La cabane d'Isabel, traduit de l'anglais par Fenn Troller, Syros, 40p., 15 €, ean 9782748512854

 

Les livres du couple Sarah Stewart & David Small incarnent la lignée vivante et féconde de l'album anglo-saxon contemporain. D'apparence très "classiques" – un texte et une image par page, illustrations au trait noir et mise en couleur à l'aquarelle et aux pastels – ils se fondent facilement dans la masse d'albums venus des États-Unis et d'Angleterre, et n'éveillent pas toujours la curiosité du public français généralement avide d'une plus grande innovation ou créativité.

 

Leurs albums constituent pourtant le meilleur de ce que peut nous apporter aujourd'hui l'album dit "narratif". Revoyez L'Amie (Syros, 2005) – malheureusement épuisé – qui laisse un souvenir impérissable à tous ses lecteurs, tant la relation que l'héroïne – une petite fille riche délaissée par sa mère – entretient avec sa nounou est chargée d'une émotion et d'une intensité bouleversantes. Relisez également Le Jardin secret de Lydia (Syros, 2006), lauréat de la Caldecott Medall, album épistolaire mettant en scène la magnifique force de vivre d'une petite fille envoyée "à la campagne" pendant la Grande Dépression américaine.

 

Enfin, plongez-vous dans ce dernier album épistolaire, La cabane d'Isabel, uniquement constitué des lettres que la jeune émigrée mexicaine Isabel envoie à sa tante pour lui raconter leur voyage jusqu'aux Etats-Unis, leur installation et, grâce à la créativité de l'héroïne comme à la chaleur, la bienveillance et le courage de sa famille, leur progressive intégration dans la société américaine.

 

cabane-isabel-small-stewart.jpg © David Small, Syros, 2012.

 

La force de ces albums tient pour beaucoup dans l'originalité des sujets, la subtilité narrative et dans la charge émotive des textes de Sarah Stewart. Lesquels ne seraient rien sans les illustrations amples et généreuses de David Small qui ne s'épargnent aucune confrontation avec le réalisme, telle cette puissante vue d'ensemble montrant Isabel face à son premier bonhomme de neige, dans la désolation d'un paysage grisâtre d'une sinistre banlieue industrielle. Le récit commence en images dès la première page de garde, bien avant la page de titre, et le texte fonctionne ensuite en relais avec la suite d'illustration dans une complémentarité rare dans ce type d'albums.

On sort une nouvelle fois de cette lecture troublés par l'émotion puissante que ces auteurs réussissent, ensemble, à mettre en scène dans une parfaite symbiose du récit par le texte et par l'image combinés.