ABC bestiaire, Janik Coat, Autrement Jeunesse, 2012, 14,50 €. EAN 9782746730694
Un décor, au départ fort dépourvu, se peuple, au fil des 26 doubles pages, d’animaux par ordre alphabétique d’apparition. La lettre (initiale de l’animal) et l’image, sont conventionnelles. L’est un peu moins le mot, associé : un prénom. Antique (Pline), exotique (Naoto), nostalgique (Théodora) ou tout simplement délicieusement commun (Didier).
Chaque animal persiste dans cet espace, lequel se trouve forcément, à chaque nouvelle arrivée, de plus en plus pourvu. D’autant que le décor s’enrichit de brins d’herbe et de plantes (il faut bien manger, ou se cacher) qui grandissent et évoluent au fil des pages. Car le temps passe, en témoigne l’alternance du jour et de la nuit et les belles teintes qu’elle génère.
Les animaux persistent dans le décor mais, en plus, se déplacent de page en page. Un peu statiques, figés, nous surveillant du coin de l’œil, on jurerait qu’ils veulent nous entraîner dans le jeu d’Un, deux, trois ! Soleil ! Certains sont balourds, d’autres, plus vivaces, font de larges trajectoires ou aiment à se dissimuler. Lorsqu’ils sont tous casés, l’ensemble est bien équilibré et respire encore.
© Janik Coat, Autrement 2012
Source : http://www.pixelcreation.fr/nc/galerie/voir/janik_coat/janik_coat/abc_bestiaire_janik_coat/
© Médiathèque Hermeland - Saint-Herblain
Janik Coat réalise un très bel abécédaire auquel elle adjoint un authentique esprit de jeu. Elle donne au livre sa plus grande qualité, celle d’offrir l’occasion de multiples lectures et relectures, qui accompagnent l’enfant qui grandit. L’ensemble est d’une très grande élégance formelle, jusqu’à ces pages de garde, où les tracés en noir sur fond blanc, par leur finesse, leur forme aérienne – on pense à Iela Mari – suscitent davantage le désir du coloriage qu’une invitation concrète à sa réalisation.
Les originaux sont visibles jusqu'au 18 mai à la Galerie Autrement.
***
Dans un esprit proche, et même certainement en une référence à L'Arbre, le loir et les oiseaux (Iela Mari, L'Ecole des loisirs, 1968) on se dirigera également vers la dernière livraison d’Emilie Vast, ode poétique, tant par son texte que par ses images délicates, au cycle de la vie et à la nature sauvage.
Emilie Vast, Il était un arbre, éditions MeMo, 2012, 16,20 €, EAN 9782352891437
Commentaires
Voir également les articles de La soupe de l'espace, Papier de soie, et Tourner une page.
SVdLqu'il est beau cet album!!
Gaëlle((et j'attends avec impatience la parution d'"Il était un arbre"!!))
GaëlleBonjour Sophie,
Il est indiscutable que le dernier livre d'Emilie Vast est fortement influencé par l'Iela Mari. Mais ce livre apporte un mode de lecture plus complexe à mon avis. Je ne vais pas dévoiler les procédés ici de manière à ne pas minimiser le plaisir des futurs lecteurs de "Il était un arbre". Le jeu des couleurs est également très subtile.
Bien à vous
David Gal-RegniezDavid
Bonjour David. Bien entendu "Il était un arbre" ne se résume certainement pas à cette influence. Je tenais à la signaler car je trouve précisément intéressant la manière dont elle est utilisée, en retirant la substantifique moelle, à savoir l'idée du cycle de la nature et la grande élégance du trait. Émilie Vast élabore bien ici un propos tout à fait original dans une construction fort intéressante puisqu'elle insère des développement à la démonstration de la continuité du cycle. Ses formes, particulièrement celles des animaux, sont légèrement simplifiées et visent ainsi un velouté qui donne une très belle délicatesse à ses sujets, laquelle se trouve valorisée, en contraste, par la brièveté et l'aspect direct du texte, succession de formules verbales rendant hommage aux activités des animaux dans la nature. L'utilisation de la couleur, vous le souligniez, et sa signification, est en effet d'une grande intelligence, offrant une piste de lecture à part entière. C'est une très belle réussite.
SVdL