Je vous le concède, ni le titre (sans commentaire !), ni la couverture (une masse rouge non identifiée occupe l'espace) ne sont très engageants. Il y a pourtant là, déjà présent, un petit quelque chose qui nous engage à entrouvrir ses pages, peut-être une extrême simplicité, un dénuement...

mordcul cv

La Mordcul, Anne-Isabelle Lacassagne, Catherine Chardonnay, Editions du Rouergue, 2011, 9782812602306, 16 €


A partir de là, tout se joue sans fausse note. On entre sur la pointe des pieds, on s'assied devant les planches encore vides et défile ensuite dans cet espace, un format à l'italienne, une petite séquence très théâtrale, une gentille farce, où le petit dernier se voit mis à l'épreuve par ses frères et soeurs et triomphe par sa douceur et son courage mêlés. Trois actes, rebondissements, travestissements et finale triomphant, tout y est !


Le livre est enfantin dans ses traits (le profil des personnages est typique de celui dessiné par les moins de 12 ans!), dans son histoire, dans ses dialogues, dans son espièglerie, et c'est ce qui le rend terriblement attachant.


Attention, c'est pourtant bien l'oeuvre de créatrices confirmées (on doit notamment à Catherine Chardonnay le texte d'"Alfonso" et celui du si regretté, car épuisé, "La Chasse aux fauves", deux albums dessinés par le talentueux Renaud Perrin). Les références sont là, certaines explicites (à Edward Gorey, pour le style des images, et dont le nom apparaît sur la couverture d'un livre), d'autres allusives (Max et les Maximonstres ? La Grosse bête de Monsieur Racine ? et peut-être même Chien Bleu, dans cette figure calme et imposante de l'animal si facilement apprivoisé ?). Quoi qu'il en soit, on retrouve ici l'empathie, et le parti pris radical en faveur des jeunes que ces grands auteurs ont mis en scène dans leurs albums devenus des classiques.


mordcul 2 © Editions du Rouergue


Petits et grands sortent de cette lecture apaisés, rassérénés, après une plongée brute dans le monde de l'enfance. 


Quelle belle surprise nous a là été offerte !