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10 chaises, Dominique Ehrhard, Les Grandes personnes, août 2016, 24,50 €
Un Voyage en mer, Gérard Lo Monaco, Hélium, 2d semestre 2016, 24,90 €

Il ne faudrait pas se détourner des livres pop-ups, et encore mois de ces deux-là, sitôt la période de Noël passée. S'ils constituent, l'un comme l'autre, d'exceptionnels présents, ils ont néanmoins beaucoup à apporter en dehors de leurs atours spectaculaires et enchanteurs.

wright.jpg © Les Grandes personnes, 2016

10 chaises, de Dominique Ehrhard, passionné de design, est à l'évidence un objet raffiné, en tous points concentré sur son sujet, la présentation de dix pièces majeures du design. Quoique simples, n'appelant pas de manipulation, les mécanismes étonnent par les formes complexes qu'ils restituent au volume en les faisant sortir du pliage, suscitent l'admiration par leur parfait déploiement, y compris pour des objets qui réclament une grande exactitude comme le fauteuil LC2. Ce faisant, l'illusion est saisissante. Nous sommes très proches des reproductions du Vitra Design Museum (dont chaque pièce coûte au minimum 10 fois le prix de ce livre). Il y a donc un effet collection et un plaisir de l'amateur à approcher des pièces remarquables avec une qualité de reproduction produisant son effet. Mais ce titre interroge également la notion même d'objet, faisant de la sorte jaillir d'une forme close des pièces de design en volume, si abouties et visuellement agréables. Et si livresques, car le livre sait aussi se rappeler au lecteur, par son papier chaleureux ou la qualité de son impression. Dès lors, il peut tout aussi bien être conservé, fermé, que laissé ouvert sur une étagère, comme un écrin présentant une pièce rare.

un_voyage_en_mer.jpg © Gérard Lo Monaco, 2016

Une même passion du bel ouvrage et de sa reproduction documentaire habite Un voyage en mer, de Gérard Lo Monaco, qui reproduit non pas dix mais six bateaux admirables, du canot de sauvetage au paquebot Normandie. Pas une voile, pas un gréement ne manque à ces restitutions, saisies dans l'action, dont les pièces découpées et collées, nombreuses, n'entravent en rien la poésie de ces tableaux. Car leur effet diorama produit autant de petites scènes pour s'évader et teinter ses rêves de marines. La palette resserrée sert une belle unité graphique, le tracé du crayon, la peinture, la vivacité des couleurs y jouent leur partition, à égalité de traitement avec le mécanisme pour rendre d'impressionnantes vagues en volutes, des ciels déchirés par des nuages menaçants ou laisser pointer, fragile, l'aile d'un avion ou d'une mouette. Les courts textes situés sous chaque scène, entre chansons de marins et comptines, achèvent de placer l'ensemble sous le signe de l'excellence dès lors qu'ils retracent avec humour l'attachante traversée de trois personnages croquignolets naviguant sur un tout petit navire, déplaçant alors l'attention sur le minuscule, sur l'humain ou l'anecdotique, et reléguant, non sans ironie, les impressionnants navires au titre de décor d'une aventure atypique.