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Revue Hors-Cadres, L'Atelier du Poisson soluble, n°17, octobre 2015, 12 € Informations : laure%revue-horscadres.com - www.revue-horscadres.com

Extraits de l'édito de Sophie Van der Linden, Rédactrice en chef

Le contenu à l'œuvre

Alors que les adaptations n’ont jamais été aussi florissantes, on en oublierait presque qu’il s’agit d’un phénomène ancien. Or, l’adaptation est inhérente au développement de l’édition, puis de l’industrie cinématographique, de l’audiovisuel et enfin du numérique.

Le phénomène n’a cependant cessé de s’amplifier, jusqu’à prendre aujourd’hui une dimension exceptionnelle. À l’heure actuelle, la poly-exploitation, comme le rappelle régulièrement l’hebdomadaire professionnel Livres Hebdo, est d’ailleurs l’une des clés d’un succès commercial.

Mais les motivations en sont aussi pédagogiques : il s’agit de mettre à la portée d’un public habitué à certains supports des oeuvres attachées à un support qu’il fréquente moins volontiers. Les meilleures réalisations parviennent toutefois à dépasser ce strict objectif, par la « documentarisation », ou plus généralement par l'interprétation idéologique comme plastique de l’œuvre source.

Dès lors, si l’adaptation a plutôt mauvaise presse, si des lieux communs la désignent encore avec persistance comme nécessairement inférieure à l’œuvre source, la création artistique, originale et singulière, est bel et bien présente au cœur de nombre d’adaptations.

Et sa réussite ne tient pas seulement à quelque dogme du type « adapter c’est nécessairement trahir ». Car il apparaît le plus souvent que l’adaptation est surtout une affaire d’auteur, et de rencontres. En offrant au créateur une matière à digérer, à disséquer, à interpréter et, à recréer, le processus de l’adaptation conduit à l’élaboration, certes rare, mais remarquable, de quelques chefs-d’œuvres. Lesquels – l’ensemble des articles de ce numéro le démontre –, ont avant tout partie liée au travail d’auteur mené sur un support donné, à sa réflexion sur les limites et possibilités de ce support, à sa capacité finale à l’interroger ou à le faire évoluer.

À l’heure où une logique de contenus semble dominer dans les discours sur la Culture, tous les contributeurs de ce numéro viennent ainsi fort à propos nous rappeler que les œuvres sont aussi complexes qu’indissociables de leur support qui en est tout à la fois une dimension à part entière tout en étant, le plus souvent, un enjeu premier du geste artistique.

Au sommaire :

Couverture par Gérard Lo Monaco (et son portrait par Joëlle Jolivet), L'adaptation en bande dessinée, quels partis-pris ?, par Benoît Berthou, Cinq adaptations du Tour d'écrou, Liliane Cheilan, L'Origine du récit, interview de Jean-Luc Fromental, Blanche Piste, De London à Galvin, Construire un feu, par Philippe-Jean Catinchi, Descente de livre, retour sur les adaptations de Gabrielle Vincent, par Yann Fastier, De la page à l'écran et retour, par Marianne Berissi, Hugo Cabret au cinéma, par Pascal Humbert, Album, fortissimo, quand la musique intègre l'album, par Sophie Van der Linden, L'adaptation et moi, par Vincent Cuvellier.