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            Jean-Luc Fromental (texte), Joëlle Jolivet (images), Os court, Hélium, octobre 2015, 15,90 

Le duo Fromental-Jolivet, presque 10 ans ans après les 365 Pingouins (Naïve) offre un nouvel opus, dans lequel la multitude et la logique numéraire assurent une constante, voire, ici, la colonne vertébrale d’un récit s’intéressant désormais aux squelettes. La couverture en atteste, comme pour les pingouins, l'intérêt du sujet est tout autant narratif que purement graphique.

Parodie d’une enquête à la Conan Doyle, l’énigme porte ici sur des disparitions ossifères, énigme que le détective Sherlos a tôt fait de résoudre quand il s’aperçoit que le nombre d’os soustraits approche celui d’un squelette complet.

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              © éditions hélium, 2015

Alors que le fond blanc dominait dans leurs précédentes collaborations, ici, squelette oblige, c’est sur la matière noire que les reliefs se posent. Mais la bascule vers le noir n’est pas que visuelle. Du feuilleté du sens perce ici et là une critique subtile du monde contemporain, de ses peurs et de ses rumeurs. L’humour qui anime le duo, leur goût des jeux de mots et d’images, l'emporte toutefois et l’ensemble trouve son point d’équilibre dans le rythme, haletant, porté par le texte et la mise en page.

Surtout, le livre forme un écrin noir à l’esthétique magnifiée. La ville, sujet privilégié de Joëlle Jolivet, surgit, somptueuse, de la nuit noire, avec ses pavés, ses toitures anciennes et ses encorbellements soutenus par un bleu dense et lumineux. Les squelettes et les os dispersés dansent littéralement en ces pages et offrent une joyeuse sarabande graphique où le rouge vermillon tient un rôle déterminant.

Le texte de Jean-Luc Fromental réussit à conduire la narration sans être en rien écrasé par cette puissance plastique du livre, ce qui sans doute est la grande force de ce duo équilibré. L’écriture, rythmée, rimée, est réjouissante, petits et grands se délecteront littéralement d’une richesse lexicale trop rare dans l’album. Une jaquette se dépliant en poster anatomico-esthétique, achève d’inscrire le livre dans l’exception.