Nombreux sont ceux, parmi les professionnels du livre et de la lecture, à dire aujourd'hui leur sincère et profonde tristesse alors qu'il est question de la disparition d’un catalogue majeur de l’édition pour la jeunesse.

Lequel accueille des œuvres de création au rayonnement international, de celles qui font la renommée de la France en ce secteur – citons La collection de peinture d'Agnès Rosensthiel, Un lion à Paris, de Beatrice Alemagna, ou encore, parmi tant d’autres exemples, Le voleur de poule de Béatrice Rodriguez – aussi bien que des traductions de Uri Shulevitz, Arthur Geisert, Sven Nordqvist, Taro Gomi, Ken Kimura, Zdenek Miler, qui constituent un pan majeur du patrimoine international de l’album offert au lectorat francophone.

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''Chapeaux'', d'Agnès Rosensthiel, publié en 1996 fut l'un des tout premiers titres du catalogue.

Beatrice Alemagna, Bruno Gibert, Eric Battut, Jérôme Ruillier, Pierre Mornet, Valentine Goby, Gaétan Dorémus, Anne Cortey, Janik Coat, Stéphane Kiehl, sont quelques-uns de ceux qui ont placé une grande confiance en cette maison, et ont déposé en ses mains un pan conséquent et incontournable de leur œuvre d’auteur.

La collection Histoire sans paroles – qui constitue en soi un exemple marquant d’une audace éditoriale – a révolutionné le secteur de l’album sans texte et permis le développement d’un genre des plus intéressants. À partir de cette collection, l’album sans texte a essaimé en France d’abord, puis en Italie, en Espagne, en Allemagne, au Brésil ou en Chine. Partout, des projets ou des études célèbrent l’apport déterminant de cette collection à l’éclosion internationale d’un genre central de la création si difficile à porter auprès du large public.

Il y a enfin ces petites perles dont on ne parle jamais, et qui sûrement n’offrent que des chiffres de vente insignifiants. Mais il n’est pas un lecteur de Kuma Kuma, de Kazue Takahashi, des Lettres de l’ourse de Gauthier David et Marie Caudry ou encore de Mon chien et moi de Keita Yamada, qui ne porte en lui pour toujours la douceur et la délicatesse de ces titres à la poésie si sensible.

En vérité, il faudrait citer encore bien d’autres auteurs et bien d’autres titres de ce catalogue qui s’est progressivement élaboré dans un souci constant de qualité. Avec rigueur, avec raison et créativité.

Autrement Jeunesse est un catalogue solide, quasi exclusivement dédié à l’album jeunesse, dont il est l’un des plus remarquables et stimulants représentants.

Il doit vivre.