mon-frere-est-un-cheval.jpg Alex Cousseau, Mon frère est un cheval / Mon cheval s'appelle orage, illustrations d'Anne-Lise Boutin,

éditions du Rouergue, coll. Boomerang, 2011, 6 €

 

Boomerang. Une nouvelle collection, pour ces enfants-là qui commencent à lire, qui sont curieux, qui aiment le dire et le partager et qui ne ploient pas encore sous la masse de livres et de genres conditionnés. Une nouvelle collection dans un segment qui en compte finalement trop peu. Une collection qui doit son titre à l'effet voulu par la lecture successive d'un roman qui en contient deux, dont la lecture du premier (rigoureusement aucune indication ne permet de préférer une entrée à l'autre), quel qu'il soit, éclairera la lecture du second. Une collection lancée avec un texte d'Alex Cousseau. Tout cela fait beaucoup de bonnes nouvelles d'un coup.

Mais tout cela n'est rien, ou s'efface bien vite à la lecture de Mon frère est un cheval puis de Mon cheval s'appelle orage (j'ai choisi de les lire dans cet ordre, et je les préfère dans cet ordre). Parce que l'accroche est imparable "Je m'appelle Elvis et mon cheval n'est pas un cheval. Mon cheval est comme mon frère. Je suis né en même temps que lui, la même nuit". Parce qu'on est propulsés dans ces plaines glaciales et caillouteuses d'une Mongolie hivernale et que l'auteur ne se contente pas d'activer les clichés qui emplissent notre imaginaire de ces terres-là. Il les dit. Au moyen d'une écriture aux phrases courtes, au rythme soutenu qui pourtant sait laisser toute place au lyrisme et à la poésie. Et qui laisse aussi toute place à l'expression des émotions.

 

" Le ciel était clair, la lune et les étoiles semblaient toutes proches.

Scintillantes et impatientes.

Dehors, une jument était couchée sur le flanc.

Et elle aussi allait bientôt être mère." (p. 8)


 On sort de cette lecture les joues rougies par le froid, les cheveux ébouriffés par le vent de ces grands espaces inhospitaliers, nourris de ces images de pierres qui menacent de se fendre ou de ces folles chevauchées nocturnes... On sort de cette lecture abasourdis par le talent de cet auteur qui sait comme nul autre fait le don d'une écriture, au sens plein du terme, à ses jeunes lecteurs.

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Autre titre paru dans la même collection : Rachel Corenblit, Plié de rire / Vert de peur.