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Une Chanson d’ours, Benjamin Chaud, Éditions Hélium, 2011, EAN 9782358510776, 14,90 €

 

L’histoire, qui commence dès les pages de garde, est celle d’une course poursuite, celle d’un papa ours qui tente de rattraper son petit lui-même en chasse d’une abeille. L’histoire est donc aussi celle d’habitants de la forêt qui traversent la ville et trouvent, au finale, sur les toits de l’Opéra Garnier, une belle synthèse de leur habitus, entre nature et culture. Chaque double page s’impose comme une image-tableau remarquablement composée, spectaculaire, impressionnante par ses choix chromatiques. Les teintes sourdes sont magnifiques et l’illustrateur excelle dans les représentations architecturales où les ornements graphiques signent l’intrusion somptueuse du végétal.

 

Fortement suggéré par le texte, un jeu de reconnaissance se superpose à cette narration, grâce à des indices inventifs qui n’entravent pas la progression du récit, et incitent donc à retrouver Petit ours sur l’immensité de la page. Au fil des lectures, le jeu gagne en densité, et en diversité : et si on recherchait aussi ce petit garçon au nez retroussé (tiens on dirait le héros de Adieu Chaussette, le précédent album de l’auteur), ou bien si on suivait de pages en pages d’autres personnages, lesquels, comme les protagonistes, se rendent aussi à l’opéra ? Cet album est donc – aussi – un livre-jeu multi-activités !

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Poster antérieur à  l'album :  "À l'Opéra avec Benjamin Chaud" © La Maison est en Carton

Pour l’enfant à qui ce livre est lu à voix haute, nul doute qu’une authentique mise en scène en son et image se joue à chaque double page. Laquelle s’impose aussi comme l’espace stimulant d’une lecture de l’image lui étant favorablement destinée, à la manière de ces planches documentaires qui permettent de saisir tout le fonctionnement d’un environnement (ici : la montagne, la forêt, la rue, l’opéra)

 

Et pour l’adulte qui raconte cet album à l’enfant, s’insinue une jolie réflexion sur la parentalité. Au fond, le héros véritable du livre, n’est-il pas le papa, si bien représenté en couverture ? Et n’est-ce point lui qui doit affronter tous ces obstacles, franchir toutes ces étapes pour, à l’issue de ce récit inévitablement initiatique, se sentir « très fier » de ce qu’il a réalisé. Car finalement, par le biais de la culture et de la transmission, n’est-il pas devenu père ?

 

Succès populaire autant que critique, cet album qui sait embarquer les enfants dans une aventure de lecture ludique et enthousiasmante, n’en oublie pas pour autant de déployer un univers riche et fécond qui autorise de multiples entrées et, surtout, accompagne l’enfant au fil des années. Il est de ces livres, reçus enfants, que l’on conserve longtemps pour les retrouver avec bonheur lorsqu’il est temps pour nous de les transmettre !

 

 

 

 

 

* pomelo_et_les_couleurs.jpg Pour tous, donc : à ne pas rater, le tout nouveau « Pomelo et les couleurs » qui fait suite à « Pomelo et les contraires », Editions Albin Michel Jeunesse – EAN 9782226230973 – 11,50 €