arbre-iela2.jpg © iela mari

 

 

Comme un manteau de neige, venu d'Italie, qui s'abattrait avec lenteur sur nos têtes, la nouvelle de la disparition de Iela Mari nous laisse dans une tristesse muette, tournée vers le blanc et le silence de ses albums si aboutis, aux tracés graciles, ténus, et pourtant si assurés. Sans doute est-ce cela, le fil de la vie, ce trait fin, souple et sûr.

Iela Mari était parvenue, alors que les premières clameurs du monde moderne commençaient leur tapage, a cerner l'exacte image de la vie. S'intéressant au cycle de la nature, elle avait élaboré le vocabulaire graphique – fond blanc, économie de la forme, trait noir et teintes sourdes – pour figurer la permanence et la tranquillité qui nous sont essentielles. Ce faisant, elle atteignait la perfection, avec un crayon et une gomme – et ensuite, il est vrai, avec encore une somme de matériaux invisibles (colle, scotch, transparents, etc) avant tout destinés à préparer l'impression sans surtout y apparaitre !

Depuis, la technique a largement évolué. Pas son langage plastique, qui continue avec fraicheur et justesse à figurer la beauté de la création. Preuve en est, ces illustrateurs contemporains qui, utilisant l'outil informatique et le dessin vectoriel, n'ont pas ressenti la nécessité d'aller plus loin, ni même ailleurs, quand il s'agit de donner à voir le monde et la nature aux enfants.

Mes pensées vont aujourd'hui vers l'équipe d'Hamelin Associazione Culturale, qui a donné la seule monographie consacré à la créatrice italienne et pour qui la disparition de cette femme – douce et généreuse, les ayant reçus dans son appartement de Milan, leur ayant prêté sans compter tous ses originaux pour une magnifique exposition à la Foire de Bologne en 2010 – doit prendre une signification bien particulière.

Et nous devons toute reconnaissance à Emme Edizioni, son premier éditeur italien, et à Babalibri, ainsi qu'à L'École des Loisirs, son éditeur français.


*** Ici, Lucie Cauwe a posté un billet sur Iela Mari et , à voir, aux éditions MeMo, le travail d'Anne Crausaz et Emilie Vast, talentueuses héritières de Iela Mari.