Capture_d_ecran_2022-11-08_a_15.16.13.jpg Marine Schneider, Hekla et Laki, Albin Michel Jeunesse, octobre 2022, 19,90 €

Cet album est d’abord un objet impressionnant, comme l’édition jeunesse sait en produire, avec son grand format, son papier épais, et chaud, sa mise en page élégante et inventive, son déluge chromatique par lequel l’orange fluo percute un bleu smalt… On y entre par une histoire qui commence dès l'impressionnante couverture soulevée, bien avant le générique de la page de titre, par le mouvement d’un petit être qui ne parle pas, un véritable infans, donc, qui entre dans la vie d’un vieil amoureux des mots choisis, Laki.

Hekla est le nom que ce dernier donnera à l’apparition, comme un éclat, comme le nom d’un volcan, comme le capuchon qui en est la traduction islandaise, comme le mot « lac » entendu à l’envers, et dans lequel le petit n’a pas le droit d’aller, mais qu’il pénètrera malgré tout dans la partie II de l’histoire pour trouver son propre chemin de vie, ou plutôt son île de vie.

Capture_d_ecran_2022-11-08_a_15.16.26.jpg © Albin Michel Jeunesse, 2022

C’est que les mots, les phrases composées et celles prononcées, sont ici parées de mille nuances et permettent à chacun de faire résonner un récit de transmission ou d’émancipation, un récit en tout cas qui raconte, comme tout bon livre pour enfants, ce qu’est grandir.

Après Tu t’appelleras lapin (2019, Versant Sud), Marine Schneider offre un ouvrage essentiel, qui touche à l’essentiel, dans lequel l’histoire lue, les visuels vus, continuent de vibrer bien longtemps après qu’on les a lus. L’album prend toute sa dimension d’espace de projection multiple, dans lequel les images composant les paysages telluriques d’Islande emportent loin le lecteur-spectateur dans le foisonnement chromatique d’atmosphères arctiques qui ne cessent d’ondoyer, de rougeoyer, se diffracter…

Capture_d_ecran_2022-11-08_a_15.16.42.jpg © Albin Michel Jeunesse, 2022