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Pierre-Jacques Ober, Jules Ober, Jacqueline, « J’avais 7 ans quand la guerre a éclaté », Seuil jeunesse, septembre 2021, 16 €

Il existe peu d’albums narratifs de photographies. L’instantané, autre nom donné à une photo, est une captation d’un présent soutiré au réel, perçu comme l’indice fragile, déséquilibré et instable du passé. Les albums tirés d’un film en sont l’exemple type : figés, les photogrammes reproduits témoignent du temps arrêté, des gestes suspendus, de l’artificialité d’une action.

Jacqueline-6.jpg © Seuil Jeunesse, 2021

Or, c’est pourtant en empruntant aux codes cinématographiques que Pierre-Jacques et Jules Ober, avec leur album Jacqueline, réussissent pleinement leur narration en images, sans que jamais le récit visuel ne souffre d’une quelconque artificialité. L’enjeu était de taille pour cet album qui retrace les années de la seconde guerre mondiale, du point de vue d’une petite fille, accompagnant sa mère sur les routes, ici pour faire libérer le papa, ici pour le suivre jusqu’en Afrique ou bien encore, en Allemagne après l’armistice, lieu de naissance d’une amitié féconde au milieu des tristes ruines. Mais ce sont là des images construites, mises en scènes, éclairées, à partir de figurines façonnées. Dont la capacité à retranscrire toute une scène trouve aussi sa source dans l’émotion qu’elles procurent.

Jacqueline-12.jpg © Seuil Jeunesse, 2021

Des illustrations, tout simplement, qui réussissent le tour de force de nous laisser à l’esprit, durablement, le film que nous avons reconstituées à partir d’elles, en un retournement spectaculaire du médium et de ses limites.