Le Blog de Sophie Van der Linden

Stéphane Kiehl, Blanc, une histoire dans la montagne, La Martinière Jeunesse, septembre 2020, 16,50 €

Aux antipodes de son « Vert, une histoire de la jungle », torride, paru l’an passé, Stéphane Kiehl nous convie cette fois dans des forêts continentales couvertes d’un épais manteau neigeux dont n’émergent que les silhouettes partielles des arbres et des roches, alors que les vivants s’y confondent. Le contraste noir / blanc se trouve subtilement rompu d’une multitude de teintes grises, brunes, délicatement roses, ou bleus pour les glaciers, formant des paysages aussi impressionnants que détaillés. C’est que, de près, les décors révèlent une multiplicité de traits, de motifs infimes qui parent le dénommé « flat design » propre aux images digitales d’une épaisseur, d’une consistance et d’une texture rarement atteintes. Et la magie opère pleinement lorsque, se souvenant des leçons de maître Bruno Munari, Stéphane Kiehl compose ses vues dans la transparence de feuilles de calque. Perdus dans notre contemplation, écarquillant les yeux pour deviner quelque figure cachée, on en occulterait presque la narration, pourtant conduite par un beau texte littéraire, aventure initiatique dans une montagne sauvage investie par toute la subjectivité de son jeune narrateur.

© éditions La Martinière 2020