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Renato Moriconi, Le Petit Barbare, Didier Jeunesse, février 2016, 13,10 €

L'album dit "sans texte" est un formidable territoire d'invention. Renato Moriconi, à qui l'on devait déjà Le Téléphone sans fil et Bâillons (P'tit Glénat) nous le démontre brillamment une fois encore. Aux côtés de Fernando Vilela et d'Odilon Moraes, il fait partie de ces auteurs-illustrateurs brésiliens qui ont un rapport inventif et joyeux à l'album en tant que forme d'expression artistique à part entière. Au Brésil, l'album pour la jeunesse est apparu tardivement, à la fin du XXe siècle. C'est une matière neuve, exaltante, qui libère l'énergie de ces créateurs à l'expérience néanmoins déjà confirmée.

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© Didier Jeunesse, 2016

Avec Le Petit Barbare, proposé au public français par les éditions Didier Jeunesse (et publié initialement par Companhia das Letrinhas en 2013), Renato Moriconi se sert du format (oblong, pris à la verticale) comme d'une composante à part entière de l'expression. Après avoir enfourché sa monture, un petit barbare moyenâgeux affronte tour à tour, tantôt en haut, tantôt en bas, une pluie de flèches, de repoussants cyclopes, des dragons écarlates et un sombre maître des ténèbres. Lorsqu’enfin un géant barbu lui tend les bras, on pense que Dieu lui ouvre les portes du paradis pour le récompenser de tant de vaillance. Mais... La chute, naturellement inattendue, fait revisiter le livre entier, couverture en tête, et offre une relecture radicalement nouvelle, comme seules les narrations en images peuvent les programmer.

Une intéressante contribution au genre, et un réjouissant moment de (re)lecture.