Une promenade de la petite fille, Nathalie Lété (mécanismes de Marion Bataille), Les Fourmis rouges, 18,50 €
Le livre s'ouvre sur une maison. Ce pourrait être celle des Sept nains, des Trois ours ou de Baba Yaga. On ne sait pas bien, on hésite entre ravissement d'une imagerie connue à la nostalgie rassurante, et inquiétude d'un territoire plus incertain, comme une menace qui resterait tapie dans l'ombre, pas réellement dangereuse, plutôt doucement excitante. C'est ainsi que le lecteur explore ces pages, en soulevant les nombreux volets, en actionnant les tirettes ménagées par la talentueuse Marion Bataille dans l'univers si singulier de Nathalie Lété, entre paradis d'un Petit Livre d'Or et enfer kitch d'un Atak. Et c'est la grande force de ce livre animé richement illustré, de maintenir notre déambulation dans l'espace dense de cette imagerie suggestive sans jamais la faire basculer, ni tout à fait dans le confort, ni tout à fait dans l'inconfort.
Il en résulte une expérience de lecture puissante, une parenthèse enchantée, aussi domestique que sauvage, à laquelle on n'a de cesse de revenir, pour nourrir et réactiver les rêveries fécondes que ne manque pas de susciter ce magnifique livre-objet.
Un livre pour tous les enfants, petits et grands, filles ou garçons. Pensez aussi à ces dames qui collectionnent avec ferveur les merveilleuses créations de Nathalie Lété, et notamment ses plus récentes pour Astier de Vilatte. (Merci pour elles).