avie_isee_couv.jpg Claude Ponti, L'Avie d'Isée, L'École des loisirs, novembre 2013, EAN 9782211215497, 18,80 €

 

Un nouvel album de Claude Ponti est toujours un événement en soi. L’Avie d’Isée, aujourd’hui en librairie, en est un. Et de taille. 27,5 x 38,5 cm, très exactement. Un format qui signale un album phare dans l’œuvre de l’auteur, comme le furent Ma Vallée (1998), Georges Lebanc (2001) ou encore Le Château d’Anne Hiversère (2004). Troisième et dernier volet – en date, la prudence s’impose – des aventures d’Isée, cet album donne à la fois tout son sens aux deux précédents et, plus encore, à tous les précédents. On y rencontre rien moins que la quintessence de l’art de Claude Ponti. S’y retrouvent des personnages, des motifs, des mises en pages que l’on pourrait attribuer à chacun des titres de sa bibliographie, ainsi que ses grands thèmes récurrents : toute l’œuvre du maître est présente dans ce seul volume. Pourtant, loin de se contenter d’un album somme, il poursuit et développe ses orientations récentes (évolutions de la mise en page, rapports textes-images…) Et parce que cet album ne saurait achever sans relancer, il ouvre aussi de nombreuses portes – "Quand on ouvre une porte, on voit ce qu’il y a derrière, pas ce qu’il y a dedans(1)"– en particulier dans son esthétique même (décors géants ou représentations réalistes).

Mais là n’est certainement pas le plus important. Le plus important est sans conteste le sens qu’il donne à l’avis et la vie d’Isée. Isée qui suit sa petite musique, Isée qui entre dans le livre, Isée qui traverse des maisons, des villes et des paysages, rencontre et vainc non pas un, mais des monstres, par le seul fait de son intelligence et de sa confiance en elle, Isée qui accède à la sagesse première des premiers hommes et enfin, par la carte et par l’expérience, à la connaissance du monde et de l’univers. Ce faisant, Claude Ponti démontre qu’il n’a rien lâché de son ambition première, celle qui l’animait alors qu’il pensait son premier album pour Adèle(2), en 1986 : « Un univers où elle puisse aller dans tous les sens de ses sens. Un premier livre qui soit le livre des livres pour prendre et apprivoiser le monde(3). » Et lorsque le susdit univers emplit tout aussi bien les pages de garde que l’écran de la tablette représentée dans l'album, on se dit que cette histoire-là est bien loin d’être finie.

 

1 Claude Ponti, en exergue à Schmélele et l’Eugénie des larmes., Cité par Adèle de Boucherville, La Revue des livres pour enfants n°268, page 137.

2 L'album d'Adèle, Gallimard Jeunesse

3 Présentation de Claude Ponti dans le Guide des illustrateurs du livre de jeunesse français, Denise Dupont-Escarpit, e. a., Paris, Salon du livre jeunesse / Editions du Cercle de la Librairie, 1989.