leca-couv.jpg Michaël Escoffier, Matthieu Maudet, Le ça, L'École des loisirs, Loulou et Cie, novembre 2013, 10,50 €

 

À l’heure où la création éditoriale pour la jeunesse – qui n’a jamais été aussi riche et inventive – peine cruellement à élargir son audience, à l’heure où des Tours bruns et autres Tsoupis semblent indétrônables et de leur pot et des têtes des tableaux ventes, il faut saluer cet album pétillant qui avance masqué sur le terrain de la publication grand public standardisée pour en faire disjoncter de l’intérieur les codes éculés avec un allégresse des plus réjouissantes.

Car, un album qui commence ainsi...

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lecap2.jpg © l'école des loisirs, 2013. Site de Matthieu Maudet

... ne saurait, a priori, nous promettre qu'un positionnement original, qu'un improbable point d’équilibre entre Catherine Dolto-Tovitch (pour le « ça ») et Wolf Erlbruch (pour la crotte).

Et pourtant. Et pourtant… Impossible de dévoiler la chute ni même le ressort premier de l’album sans ruiner le savoureux effet de surprise qui le clôt et invite à sa relecture jubilatoire. Contentons-nous d’observer que ses auteurs réussissent ce que seuls quelques grands ont jusqu’ici pu faire aboutir : le récit à double niveau dans un album aussi court et destiné à un si jeune public. Mais Michaël Escoffier et Matthieu Maudet ont depuis longtemps dépassé le galop d'essai.

Une telle malice nous ferait presque oublier que ce petit Jules se trimballe dès la première de couverture le « ça » à l’air. Alors, à l’heure – oui, aussi – où le Mickey de Maurice Sendak reste interdit de séjour pour des faits similaires, ça n’a l’air de rien –donc –, mais ça mérite d’être salué. Avec les honneurs.