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Margaret Wise BRown, Remy Charlip, Une Chanson pour l'oiseau, Didier Jeunesse, coll. Cligne Cligne, 2013,

 trad. Loïc Boyer (The Dead bird, Harper Collins Publishers, 1958).

 

D’abord une image, un large panorama, tout simple, en bleu, vert et blanc, à fond perdu : le ciel, l’herbe et un oiseau, mort, abandonné.

Puis un texte, une seule phrase, elle aussi toute simple, sur le bas de la page de droite (comme placée sous l’oiseau de la page précédente) : « L’oiseau était mort quand les enfants l’ont trouvé ».

Lumineuse entrée dans le livre, lequel est une combinaison de l’art visuel de Remy Charlip (1) et du sens poétique de Margaret Wise Brown (2). Une collaboration en décalé, puisque l’album est paru après la mort de l’auteur, 20 ans après que celle-ci ait composé ce poème.

Tout, dans cet album atteint une justesse de ton : les images et les textes eux-mêmes, comme la mise en page, qui fait merveilleusement alterner pages à pages narration visuelle et verbale. Jusqu’à la typographie, très sobre, avec ce qu’il faut de maladresse pour la rendre touchante, tels ces enfants qui prendront soin de l’oiseau, l’enterreront avec attention, avec sentiment, avec conscience, puis chanteront pour lui. Et l’oublieront, le plus naturellement du monde, parce qu'ils ont leur vie d'enfant à vivre.

Il fallait le tout le talent de ces deux immenses créateurs pour réussir ce petit chef d'œuvre. Remercions les éditions Didier Jeunesse et la collection Cligne-Cligne de nous faire parvenir par delà les âges ce trésor de bienveillance et de délicatesse.

 

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Remy Charlip © Didier Jeunesse 2013


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(1) Remy Charlip : chorégraphe de métier, auteur de livres pour enfants novateurs comme On dirait qu’il neige (1957). Son précédent album publié en France : Mon chat personnel et privé, spécialement réservé à mon usage privé. Voir sa présentation sur le site des Trois ourses. (2) Margaret Wise Brown est l’un des plus grands auteurs américains pour la jeunesse qui signa, entre de nombreux autres, le texte de Bonsoir Lune (1947). Comme le rappelle l'argument du livre développé en dernière page, ils sont tous deux originaires de Brooklyn. Un autre "enfant de Brooklyn", le critique américain Leonard Marcus, a signé, en anglais, une biographie de la dame au destin tragique.