UNE_NUIT_OU_Int_Exe_Mise en page 1Xavier Armange, Une nuit où je me sentais seule, MeMo, 2013

 

Un livre carré élégant, au toucher sensuel, gorgé de couleurs sombres harmonieuses dont se dégage l'odeur, puissante et envoûtante, de l'encre. Un livre qui n'a nul besoin d'effets spectaculaires pour nous rappeler qu'il est un objet de papier.

Les phrases coulent de pages en pages, nous mènent de panoramas en panoramas, de la ville, et sa solitude, à la nature, et son avenir à deux prometteur. Le passage de l'un à l'autre est forcé, brutal : un tremblement de terre et un tsunami. Pourtant, le jeu graphique des courbes transforme la catastrophe en une force naturelle positive qui se rappelle au finale dans le dernier paysage, apaisé. La destinée linéaire des humains, de la naissance à la mort, se trouve ici transfigurée par le cycle de la nature et son éternelle renaissance.

UNE_NUIT_OU_Int_Exe_Mise en page 1 UNE_NUIT_OU_Int_Exe_Mise en page 1 Une nuit où je me sentais seule © MeMo, 2013


Le travail graphique mène cette métaphore visuelle. La ville est géométrie. De cette géométrie suprématiste chère aux architectes des villes nouvelles. Vasarely s'inscrit en ces pages, lorsque les compositions rectilignes, quadrillées, vacillent et se tordent produisant des effets cinétiques proches de ceux développés par le peintre hongrois. De cette ville, emportée par les courbes d'abord très marquées, puis adoucies de la mer qui retrouve son calme au fil des pages, seuls quelques carrés subsistent, lesquels seront bien vite assemblés par les humains (symbolisés par des ronds) qui entameront une reconstruction dans un univers re-équilibré.

Où l'on revoit le monde symbolisé par des ronds et des carrés. Retour à l'essentiel.