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Olivier Douzou, Frédérique Bertrand, Comptines en continu : Poney, Teckel, Ours, Minou, Editions du Rouergue, sept. 2012, 10 €

 

Voici donc les "comptines en continu" : 4 albums cartonnés formant une course de relais des mots et des images, où le teckel prend la suite du poney, l'ours du teckel, etc. Bien entendu, le choix des animaux est déjà la source d'une première surprise. On pense à Tomi Ungerer qui choisît en son temps un boa ou un vautour comme héros d'une série d'album (Crictor, Orlando, etc). S'il s'agissait alors d'introduire des animaux réputés dangereux dans des publications destinées aux enfants, ici, l'intérêt réside dans le retournement opéré sur ces modèles. Le poney est-elle cette figure adulée des petites filles ? Alors rimons gaiement sur son "tout petit toupet" et ses jambes courtes. Le teckel suscite la moquerie ? Faisons-en un être libre, affranchi et indépendant. Le renversement n'a rien d'automatique, car si le chat perd de sa superbe en étant communément appelé "Minou", ses références littéraires n'en sont pas moins convoquées. C'est tout l'art et toute l'intelligence de ce duo, répétés d'album en album : chercher le décalage sans la rupture, la singularité sans l'élitisme. Et n'oublier jamais, jamais, la complicité et la chaleur.

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Minou © Rouergue 2012

Fidèle à son univers graphiques aux teintes sourdes, aux paysages en collines, aux arbres graciles, aux maisons en briques et à la pluie tombée en rideau, Frédérique Bertrand offre un écrin aussi élégant que réconfortant, doucement énigmatique, à ces quatre personnages finement dessinés, d'une tendresse qu'on pourrait dire respectueuse de l'individualité de ces personnages "presque" anthropomorphes. Cet univers-là se mêle bien sûr à la perfection à celui des mots flûtés d'Olivier Douzou, qui gambadent sans relâche sous les personnages, joyeuses drilles entraînant le texte, et la voix, dans leur poétique mélodie "L'as-tu vu à potron minet minet / quand le ciel s'illuminait minait ?"

L'ensemble est pensé dans ses moindres détails : gardes dessinées, dos marquant la progression, premières de couvertures formant un continuum et dos de couvertures accueillant la troupe qui grossit à chaque livre. Chaque nouveau personnage faisant par ailleurs son apparition systématique à la fin de chaque album le précédant.

L'univers poétique de ces "comptines en continu", si cohérent, si abouti, nous offre cette enveloppe culturelle dans laquelle on rêve de se lover, petits et grands tous amassés, quand dehors la bise à commencé de souffler.