LaDisparition_couv_dia-6def6.jpg La disparition, Agathe Frasson-Cochet, éditions MeMo, 13,20 €

 

C'est entendu, ce graphisme aux formes stylisées, géométriques, aux papiers à motifs et aux couleurs franches, jaune et rouge, en contraste avec l'indigo replongent inévitablement les parents d'aujourd'hui dans l'univers de leur propre enfance. Celle à laquelle ils ont accès depuis les photographies carrées à bord blanc, les films super 8 et les quelques boîtes défaites de Coloredo et autres restes de broderies maladroites subsistant sur d'antiques poupées. Ceux que cette période exalte ressentiront son souffle nostalgique dès les premières pages. Les autres, ceux que ce retour aux sources ennuie, auront tord de ne pas poursuivre.

LaDisparition1.jpg © éditions MeMo, 2012

 

Oh, il est vrai, le travail des rimes ("Où sont passés mes oisillons ? dit le pinson / Je les ai vus sous l'aqueduc dit le grand duc") ont aussi ce petit air connu... Pourtant, au fil des pages, la magie opère. Le jeu des questions-réponses, loin de stagner dans sa logique binaire, dessine une narration. À l'abstraction du travail sur la matière même de la langue se superpose progressivement, au fil des pages, la force d'évocation des lieux nommés, le lecteur suit alors un parcours imaginaire, ainsi bercé par la jolie musicalité et le rythme apaisant des mots. Chaque figure animale, tournée vers la droite, conduit en douceur vers le réconfort d'une bienveillante conclusion à ce subtil suspense touchant au thème – crucial pour les petits – de la séparation.

LaDisparition2.jpg © éditions MeMo, 2012

 

On ressort de cette lecture conquis. Et rassurés. Qu'il existe pour les tout-petits de ces livres sereins et sobres, dont la simplicité n'empêche en rien la poésie. Des livres – et ce n'est pas le moins – dont la texture douce et chaleureuse caresse agréablement la peau. On n'en remerciera jamais assez les éditions MeMo, au nom de tous ces bébés qui certes, lisent parfois avec la bouche, mais aussi, et le plus souvent, avec les yeux et les mains !