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Faisant appel à 8 autres artistes internationaux (Raymond Briggs, Ron Brooks, Eric Carle, Gian Calvi, Zhu Chengliang, Leo and Diane Dillon, Akiko Hayashi, Nicolai Ye. Popov), Mitsumasa Anno a ainsi imaginé un album visant à faire connaître le mode de vie des enfants de différents pays et continents.

 

all.jpg© Mitsumasa Anno et alii. All in a day, Philomel Books, New-York, 1986.

 

Simultanément, sur chacune des 8 double pages que comporte cet album, 9 dessins, comme autant de fenêtres ouvertes sur le monde, représentent des enfants en activité (ou en sommeil, c’est selon l’heure !) aux U.S.A., en Angleterre, en ex-URSS (1986, disais-je), au Japon, au Brésil, au Kenya, en Chine, en Australie et sur une île déserte du Pacifique Sud à un temps T, qui se trouve être la première journée de l’année. Décalage horaire, habitudes culturelles, sociétales, climat sont ainsi donnés dans ces figurations qui ponctuent par tranches de 3 heures le cycle d’un jour complet.

 

all_in_a_day_3.jpg © Mitsumasa Anno et alii. All in a day, Philomel Books, New-York, 1986 (detail)

 

Mais le dispositif est tout aussi intéressant à l’échelle même de l’album. À la diversité de ces représentations correspond la diversité de style des illustrateurs que Mitsumasa Anno a certainement souhaité emblématiques de leur nationalité. Chaque double page est un tour de force, juxtaposant les 9 vignettes, accompagnées de leurs mentions, tandis qu’un texte central tente de résumer les activités de chacun. L’ordre de lecture choisi peut donc être celui de la simultanéité à l’échelle de la double page ou bien de la successivité si l’on se concentre sur la lecture d’une seule vignette à chaque page – en cela cet album annonce (en plus complexe) le dispositif de l’album Noir et Blanc de Macaulay, publié en 1990 et récemment réédité par les éditions du Genévrier.

 

Réalisé avant la chute du mur et l’arrivée d’Internet, All in a day est une première tentative de figuration de la mondialisation. La justesse de son propos comme la modernité de son dispositif le rendent paradoxalement d’actualité. Il célèbre l’ouverture sur le monde et sur les autres, il ose l’expérimentation en travaillant la simultanéité des messages, il rappelle la complexité fructueuse de l’objet livre, laisse toute place au récit en image, rend hommage à la diversité des styles graphiques...

 

Que pouvons-nous souhaiter de plus, aujourd’hui, pour cette année à venir ?