holmes_couv.jpg Les Enquêtes de Sherlock holmes, Le Diadème de Béryls, Arthur Conan Doyle (nouvelle traduction de Blandine Longre),

illustrations de Christel Espié, éditions Sarbacane, 2011, 19,50 €


En 1996, la parution des premiers albums de François Roca chez Albin Michel Jeunesse allait provoquer une onde de choc marquant l'émergence de l'album illustré pour adolescents. Aux grands textes les grands formats, images tableaux résultant d'oeuvres picturales revendiquant clairement leurs influences, qu'elles appartiennent à l'histoire de l'art (L'Ecole américaine, l'impressionnisme...) ou à celle de l'édition (le feuilleton populaire).

Christel Espié, apparue plus tardivement, en 2005, avec un album remarqué sur Magellan chez Casterman, apparaît aujourd'hui comme la nouvelle gardienne de la flamme allumée en 1996. On retrouve chez elle les mêmes techniques, les mêmes formats, le même intérêt pour les grands textes, les mêmes influences esthétiques, quoique le domaine de l'illustration populaire des années 1950-60 y soit peut-être plus développé chez elle. Sa production montre en tout cas une grande constance et il faut saluer la ligne éditoriale très claire des éditions Sarbacane qui s'imposent actuellement comme le fer de lance de l'album illustré pour les adolescents avec un souci qualitatif remarquable en ce domaine.

Le présent titre Le Diadème de Béryls est le deuxième opus des Enquêtes de Sherlock Holmes. Face à ce texte canonique, la série poursuit une grande élégance éditoriale : format, papier, impression et nouvelle traduction très réussié (réalisée par Blandine Longre) qui s'inscrit absolument dans la tradition des publications d'Arthur Conan Doyle tout en lui apportant une réelle modernité. Christel Espié s'attache dans ses illustrations à faire ressortir l'ambiance du récit, par un souci du détail, qu'il soit architectural ou vestimentaire ou par ses vues d'ensemble sur des paysages urbains marqués par la révolution industrielle.

 

doublesherlock2.jpg © Tous droits réservés, éditions Sarbacane, 2011


Mais il est vrai que le plus grand talent de l'illustratrice est employé à la traduction de la subjectivité du narrateur, le célèbre Watson, complice du grand Holmes. Les illustrations offrent ce regard du fidèle "second", dont elles traduisent finement l'admiration pour le maître, par un cadrage en contre-plongée sur son portrait, ou le trouble lorsqu'il s'agit de représenter un personnage féminin. Watson, toujours en retrait, permet de montrer l'ensemble du groupe ou au contraire, de se focaliser sur un détail, comme l'admirable nature morte montrant la table du petit déjeuner, laquelle donne une teinte singulière à l'annonce de la résolution de l'énigme par Holmes.

Le diadème de Béryls est ainsi un album susceptible de séduire un large public par son talent à restituer avec élégance l'ambiance d'une série populaire tout en intéressant les passionnés du genre qui apprécieront l'ampleur et l'inventivité du talent de l'illustratrice.