Vrai, vous l’aurez compris, d’Elisabeth Ivanosky à Bruno Gibert en passant par Maurice Sendak, j’aime particulièrement les mini-livres ! Un goût qui me valu, il y a quelques années, de dénicher, à la foire de Bologne, un petit coffret sur un stand japonais. En mauvais état, enfoui sous une pile de nouveautés, j’y avais reconnu le style d’Akiko Hayashi. De retour en France, je découvrais avec stupéfaction qu’il avait été publié ici, par L’Ecole des loisirs, en 1988. Et qu’il était encore disponible ! Il faut, de nos jours, saluer avec force un éditeur capable de garder un livre disponible à son catalogue pendant près de vingt-cinq ans (et tellement d’autres livres encore, depuis bien plus longtemps) ! J’ai donc pu inscrire en bonne place le coffret dans mon guide Je cherche un livre pour un enfant (p.69).

 

trois_petits_noels.jpg Trois petits Noëls, Akiko Hayashi, L'Ecole des loisirs, 2011 (1988), coffret de trois mini-livres, 14,50 €

Et voici que ces Trois petits Noëls sont réimprimés, tels qu’en eux-mêmes, juste habillés, sertis d’une belle jaquette, et pourvus d’une traduction rafraîchie (Nicole Coulom). Bien entendu, comme tous les livres d’Akiko Hayashi, ils n’ont pas pris une ride. Un charme intemporel. Celui d’enfants si extraordinairement dessinés, gracieux, suscitant la tendresse (ils sont si rares, les illustrateurs qui savent exprimer ces sentiments sans nécessiter le renfort d’animaux ! Qui aujourd’hui ? Frédéric Stehr, Eva Eriksson, et… ?). Joues rebondies, nez court, pommettes rouges, cheveux gentiment ébouriffés, yeux espiègles, Akiko Hayashi n’a pas son pareil pour, d’un fin trait de plume simplement renforcé de quelques coups de crayons de couleur, nous faire craquer sur ses personnages enfantins, qu’ils soient juste saisis dans la grâce de leur quotidien (la série des Aya) ou qu’ils soient les héros d’histoire mi-réalistes, mi-magiques, au sein d’albums aux narrations si étonnantes (un chef d’œuvre inégalé : Ken, le renard d’Aki).

Alors, dans ces Trois petits Noëls, il y a du quotidien, mais il y a aussi du magique. Les deux mêlés, avec un naturel que seuls les japonais savent orchestrer (souvenez-vous du film de Miyazaki Mon voisin Totoro). Trois petits Noëls, ce sont trois livres, mettant en scène trois frères et sœurs, pour trois aventures de Noël.

 

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Trois petits Noëls, Akiko Hayashi, © L'Ecole des loisirs, 2011

La toute petite, Reitchan, bien impatiente d’attendre le Père Noël sort dehors et le croise dans sa distribution. Le grand bonhomme affairé ne la remarque pas et la fourre dans son sac avant de s’apercevoir de sa méprise et de la mettre au lit, avec ce geste, de sa grosse main, posée sur le front de la petite, qui en fera rêver plus d’un ou plus d’une.

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Trois petits Noëls, Akiko Hayashi, © L'Ecole des loisirs, 2011

Makoto le cadet est bien en retard le matin de Noël, mais lorsqu’il doit courir à perdre haleine après son pantalon qui file tout droit chez Grand-Père et Grand-Mère, alors il est le premier arrivé !

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Trois petits Noëls, Akiko Hayashi, © L'Ecole des loisirs, 2011

Kasumi, la grande fille, l’aînée, va chercher deux fraises pour ses parents, afin de compléter le gâteau qui n’en comporte que trois. En forêt, son honnêteté et sa générosité auprès d’une famille lapin lui feront mériter les deux fraises convoitées en plus de la doter d’une minuscule mais chaude, sucrée et délicieuse, tasse de thé. Beatrix Potter, ici, n’est pas loin.

 

Chacun, selon son âge, y trouvera son aventure fantasmée, chacun y trouvera l’image dont il se souviendra longtemps. Rien de spectaculaire ici. Juste du tout petit, de l’intime, du magique, du tendre. Et une grâce hors du commun. Pour attendre Noël en famille, rien n’est plus admirable que ce petit coffret d’Akiko Hayashi.