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© Le Rouergue

L’homme qui a bousculé le secteur jeunesse en lançant aux éditions du Rouergue, dès 1993, une collection d’albums carrés, très visuels, propres à séduire les enfants comme les adultes amateurs de livres graphiques, l’homme qui nous a donné Jojo la mache, Loup et la collection TouZazimute : Olivier Douzou, revient aux éditions du Rouergue 10 ans après les avoir quittées. Un nouveau logo et trois albums consacrent ce retour qui a valeur d’événement pour tous ceux qui suivirent avec passion l’émergence de ce catalogue. Un retour davantage en forme de brillante continuité avec sa production stoppée en 2001 que de nouvelle révolution.

 

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La qualité et l’innovation sont ainsi au rendez-vous, avec ce New-York en Pyjamarama qui, s’appuyant sur la technique de l’ombro-cinéma propose une plongée stimulante dans l’effervescence d’un New-York syncopé. Introduisant magiquement du mouvement dans l’album, le système optique, activé au moyen d’un rhodoïde hachuré, s’il constitue l’essentiel de ce livre excellemment mis en scène, graphiquement, par Frédérique Bertrand et Frédéric Rey, rencontre à merveille l’esprit de jeu des petits comme des grands. À l’heure du numérique, il est assez rassurant de constater qu’un procédé appartenant à la pré-histoire du cinéma continue de fasciner à ce point. Mais il est vrai que le fameux Au Galop de Rufus Butler Seder et avant lui, le plus méconnu mais très réussi Circus de Takao Yoguchi nous avaient déjà démontré à quel point une telle magie opère (voir l’intéressant article du site livres animés).

 

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Olivier Douzou auteur revient également au Rouergue, dans sa veine très graphique qui triomphe ici avec un Boucle d’or et les trois ours à mi-chemin entre Paul Rand et Anne Bertier. Formes minimalistes sur fond noir, élégance du papier, les amateurs d’objets graphiques seront comblés tandis que les enfants, suivant la tranquille trame du conte, joueront à plein des savoureux parcours qui leur sont proposés. Ils cheminent, d’abord simplement intrigués par certaines images stylisées, qui demandent un arrêt pour identification, tandis que d’autres leur jouent des tours bien facétieux (le reflet de l’une des trois chaises des ours forme le chiffre quatre). Mais lorsque la langue dérape avec le zozotement (comment pouvait-il en être autrement ?) du petit ours, les chiffres entrent véritablement dans la danse (« Quelqu’un 7 à 6 sur ma 16 » !). Un niveau de jeu supplémentaire s’offre ainsi à leur lecture combinée du texte et de l’image. L’album ne s’épargne en rien de jolis instants d’humour et de poésie, tandis qu’avec tous ces chiffres, il peut bien s’autoproclamer « livre numérique ».

Si, avec New-York en Pyjamarama et Boucle d’or et les trois ours, le livre dévoile tous ses atours, ce n’est donc pas dans l’esprit d’une résistance à la modernité, mais bien dans celui d’une heureuse convergence de tous les amoureux de l’image, sur papier ou sur écran. Bel enseignement.

 

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Le duo Olivier Douzou-Frédérique Bertrand, convoqué pour l’occasion, offre quant à lui un savoureux album qui fera date : Le Petit Bonhomme Pané. Tout leur savoir-faire est là, de la séquence précédant la page de titre à la confrontation des styles et des techniques. L’album s’impose comme une synthèse de leurs albums passés. Le lecteur connaisseur est finement sollicité, qu’il s’agisse pour lui de reconnaître progressivement un décor, celui de Pierre et le l’ours (MeMo 2007), ou d’entendre l’allusion masquée dans la répétition de sonorités pontiesques. Maître Ponti est bel et bien convoqué, y compris en 4ème de couverture, cela va de soi. C’est pour de rire, certes, mais pas seulement. Car ce Petit Bonhomme Pané offre un hommage profond à l’enfant, mis au monde par le lecteur, au terme d’une déambulation qui a tout d’une quête.

Et l’intérêt premier des livres d’Olivier Douzou, Frédérique Bertrand ou Claude Ponti tient exactement en ces termes.


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New York en pyjamarama, Michaël Leblond, Frédérique Bertrand, Le Rouergue, 22p. 15,90 €  

Boucle d’or et les trois ours, Olivier Douzou, 40 p. 15 €  

Le Petit Bonhomme pané, Olivier Douzou, Frédérique Bertrand, Le Rouergue, 56p. 16 €